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Accords de Papeete

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Accords de Papeete

Message par admin »

Nucléaire, Accords de Papeete… : les dossiers de Fritch à Paris

"Nous allons confronter nos projets de demandes avec les propositions de l'Etat. C'est le président de la République qui s'est engagé donc c'est lui qui va nous donner les règles du jeu", a précise Edouard Fritch avant son départ.
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PAPEETE, le 19 mai 2016. Loi Morin, prise en charge de l'oncologie, toilettage du statut… Edouard Fritch doit partir ce jeudi soir avec de nombreux dossiers pour Paris. Il rencontrera notamment Jean-Marc Ayrault et Jean-Jacques Urvoas.

Edouard Fritch doit s'envoler ce jeudi soir vers Paris. Le président du Pays compte concrétiser les engagements pris par le président de la République François Hollande lors de son discours à la présidence le 22 février. Il sera ainsi "beaucoup" question du nucléaire, explique Edouard Fritch. "Le président de la République a pris des engagements à trois niveaux. Il y a d'abord la loi Morin", commence le président du Pays. "Je crois qu'il était convaincu qu'il faut faire quelque chose pour faciliter l'accès aux indemnités des vétérans de Moruroa et de Fangataufa."
Le président de la République avait, en effet, annoncé que "le traitement des demandes des victimes des essais nucléaires sera revu" à travers une modification du "décret d'application pour préciser la notion de risque négligeable pour certaines catégories de victimes lorsqu'il est démontré que les mesures de surveillance indispensables n'avaient pas été mises en place".

Edouard Fritch en profitera également pour parler du "problème "de la prise en charge de l'oncologie et des maladies cancéreuses. Lors de son discours, François Hollande avait parlé de l'accompagnement du "développement du service d'oncologie du centre hospitalier de Polynésie française avec un apport de 700 millions de Fcfp et la mise à disposition de trois médecins internes". Mais la déclaration de François Hollande manquait de précision en ne spécifiant notamment pas la durée de cet accompagnement alors que le coût des cancers radio-induits pourrait atteindre jusqu'à 8 milliards de Fcfp annuels selon des chiffres exposés en février à l'assemblée de la Polynésie française.
François Hollande avait aussi annoncé la création d'un institut d'archives, d'information et de documentation au fenua "afin que la jeunesse polynésienne n'oublie pas cette période de notre histoire commune". Edouard Fritch dit avoir "quelques propositions" pour ce projet qui pourrait s'inscrire dans la réflexion sur le centre culturel sur l'espace de To'ata et de Vaiami.

LE TOILETTAGE DU STATUT
Edouard Fritch rencontrera aussi Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, pour parler avec lui du tribunal foncier. Un comité de réflexion sur le droit foncier polynésien devrait être réuni dans quelques semaines et sera présidé par Jean-Paul Pastorel, professeur à l'Université de la Polynésie française. "La procédure a été retardée car Jean-Jacques Urvoas souhaitait que nous consultions plus largement ici", précise Edouard Fritch. "Ce comité éclairera le garde des Sceaux sur les accords et les divergences que l'on peut trouver en Polynésie française. Le garde des Sceaux a déjà préparé certains aménagements du code civil avec les députés pour faciliter le règlement des problèmes d'indivision."
Le président du Pays parlera aussi du toilettage du statut. Le ministre de la Justice connait bien ce sujet puisqu'il est venu l'an dernier en Polynésie pour faire un état des lieux du statut d’autonomie. Il était alors président de la Commission des lois.
"Nous avons une première liste d'améliorations du statut. Ce sont plutôt des améliorations techniques sur le fonctionnement, sur lesquelles nous nous sommes mis d'accord avec le haut-commissariat. Et puis il y a un second document sur lequel nous avons travaillé lors du séminaire qui est un peu plus politique, je vous en parlerai en temps voulu."

Parmi les mesures souhaitées, figurera la demande d'annuler le caractère suspensif des recours contre les lois du Pays. Dans son rapport Jean-Jacques Urvoas avait souligné que ceci ajouté "à la longueur des délais de jugement par le Conseil d'Etat entrainent un 'manque à gagner' pour les comptes sociaux ou un frein aux réformes administratives".

Edouard Fritch a aussi rendez-vous avec Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères. Ils parleront ensemble du déplacement du président du Pays à la quatrième commission de l’ONU chargée des politiques spéciales et de la décolonisation liée aux territoires non autonomes en octobre et des relations du Pays dans le Pacifique.

Les accords de Papeete : "raccrocher le principe d'égalité"

En février, le chef de l'Etat avait évoqué de manière rapide "l’accord de Papeete pour le développement de la Polynésie française dans la République" sans en dire plus. Selon Edouard Fritch, le président de la République voudrait signer le document en novembre, bien avant le lancement de la campagne présidentielle. "On a beaucoup d'idées. La première est d'aller demander à François Hollande pourquoi il a parlé des accords de Papeete : quelle était sa vision ? On connait quelques petites choses (nucléaire, sanctuarisation de la dette nucléaire…). Nous avons bien envie de raccrocher le principe d'égalité de notre ami Lurel (le député de Guadeloupe et ancien ministre des Outre-mer a rédigé un rapport sur l'égalité en outre-mer, ndlr) aux accords de Papeete et qu'on commence à parler des difficultés structurelles que nous avons en Polynésie française du fait de l'éclatement de ce pays (transport, santé, éducation…)"
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qui ont participé à l'aventure du CEP à Totégégie, Mangareva, Hao, Fangataufa, Mururoa, ...; 115e CMGA, au 5e RMP, à la Marine, L'Armée de l'Air, Légionnaires, civils, ...
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Marsouin
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Re: Accords de Papeete

Message par Marsouin »

Diffusé sur France info le 19 mai 2016

Dans les années 60 et 70, l'atoll de Hao, dans l'archipel des Tuamotu, a servi de base militaire pendant les essais nucléaires en Polynésie française. Aujourd'hui, des investisseurs chinois projettent de transformer le site en une gigantesque ferme aquacole. Un projet, dans une zone toujours polluée, qui suscite les inquiétudes. L’atoll de Hao : un ruban de corail devenu dépotoir industriel...
Situé à 900 kilomètres de Tahiti, le ruban de corail de l’atoll de Hao est en grand nettoyage depuis sept ans. Hao a été, de 1966 à 1974, une base avancée du Centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique. L’armée française a fermé les installations en 2000 et laissé derrière elle des eaux et des terres polluées aux PCB et aux métaux lourds. Etat des lieux avec l’épicier boulanger du village, Coco Danzer : "A l’époque on jetait n’importe quoi dans le lagon. Des avions, des camions, des voitures, du cuivre et du laiton. Nous sommes à la passe Kaki, là-bas vous avez l’océan. Il y a un endroit, c’est un ancien dépotoir où ils ont nettoyé un peu, mais il reste encore des saletés. Une partie du dépotoir est en plein océan et une autre, dans le lagon."

Des substances radioactives dans le foie de mérou.
Une étude de santé publique est actuellement en cours à Hao. Son objectif : vérifier si les habitants, gros mangeurs de poisson, n'ont pas été contaminés. Le docteur Edouard Suhas de l’Institut Louis-Malardé de Tahiti ne cache pas son inquiétude aux volontaires avant la prise de sang : "On ne sait pas du tout ce qu'on va trouver chez vous", prévient-il. Le patient admet sans peine manger du foie de mérou ("C'est très bon"), même si cet organe filtre et retient "probablement" les particules radioactives, selon le Dr Suhas.

Du plutonium sous l’ancienne base militaire. En effet, des traces de plutonium dans le corail ont été détectées sous une dalle de béton où les avions militaires étaient nettoyés: "A l’époque des essais aériens, il y avait une escadrille spéciale d’avions Vautour chargée de faire des prélèvements dans le nuage radioactif des explosions nucléaires. Sous les ailes, ces avions avaient des sortes de collecteurs. Ils n’atterrissaient pas sur la piste de 3 400 m, mais un peu plus loin sur une aire de décontamination. En effet, ils étaient chargés de poussière radioactive. Par la suite il fallait récupérer les collecteurs sous les ailes."

"On a déversé du plutonium en toute connaissance de cause dans le lagon !"

Les experts ont pourtant décidé qu’on ne toucherait pas à ce plutonium. Ce qui met hors de lui le président de Moruroa e tatou, l'association des anciens travailleurs du nucléaire, Roland Oldham :
"Quand les avions revenaient à Hao, ils étaient nettoyés au jet d’eau.
Avec les canalisations, tout allait directement dans le lagon. On a déversé du plutonium en toute connaissance de cause dans le lagon de Hao ! Ce qu’il en reste est sous les dalles. Aujourd’hui on nous dit que ce n’est pas grave et que le plutonium va rester là. C’est inacceptable, je bous de colère ! Je ne suis pas un expert mais je sais que le plutonium est extrêmement dangereux, même en quantité infinitésimale ! Après le passage d'un cyclone, des coraux sont retrouvés à 400 m dans la montagne alors on peut imaginer qu'il soulève facilement des dalles !"
Une ferme aquacole géante : les inquiétudes des scientifiques. Une entreprise chinoise projette de transformer l'atoll de Hao en gigantesque ferme-usine d’élevage de poissons tropicaux, destinés à nos assiettes. Les études d’impact se poursuivent. Le développeur chinois, soutenu par son gouvernement et par la China Development Bank, espère commencer les travaux de la ferme aquacole en septembre 2016. 800 millions d'euros d'investissements ont été promis. Une manne financière qui a incité le gouvernement autonome polynésien a dérouler le tapis rouge et à offrir les terrains.

Pour autant, de nombreux experts sont sceptiques. Eric Clua, spécialiste en biodiversité marine et bon connaisseur des espèces concernées, le mérou et le napoléon, craint une asphyxie du lagon :
"Les quantités à produire sont faramineuses. Il faut importer 500 000 tonnes d’aliments ! Vous imaginez l’impact que cela va avoir en termes d’eutrophisation – c’est à dire l’asphyxie possible de ce lagon de Hao, qui est déjà mal drainé."
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