Un comité de pilotage a été mis en place à l’occasion des commémorations des 50 ans du premier tir nucléaire en Polynésie. Il a en charge l’organisation de la journée du 02 juillet mais également la communication autour de tous les évènements y afférents. Un comité composé des associations 193, Moruroa e Tatou, Haururu avec Yves Doudoute, l’ancien ministre de l’Environnement, Jacky Bryant, le président du CESC Winiki Sage, l’église protestante avec le pasteur Tapati et l’église catholique représenté par père Joël Auméran, vicaire général du diocèse de Papeete. On pourrait d’ailleurs s’étonner de voir l’église catholique se lever aujourd’hui pour dénoncer les méfaits et les conséquences du nucléaire au fenua. A ce propos, le père Joël affirme que cette levée de bouclier ne date pas d’aujourd’hui tout en reconnaissant que cela n’a sans doute « pas été assez clair ». Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui l’église catholique fait entendre sa voix et son représentant ne mâche pas ses mots. « On nous a berné » déclare-t-il.
Un courrier commun de l’église catholique et protestante va être envoyé aux autorités du Pays. Il sera fait état de la reconnaissance du fait nucléaire et de réparation. Les églises estiment que le nucléaire a bouleversé la vie économique, sociale et culturelles de la Polynésie, elles demandent donc de « répondre aux demandes légitimes des habitants qui ont soufferts dans leur histoire, dans leur chair, et âme ».
Regnault « L’installation du CEP était préméditée »
La France n’a pas décidé d’installer le Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) en 1962, ou encore de construire l’aéroport de Tahiti-Faa’a pour développer la Polynésie, affirme l’historien Jean-Marc Regnault dans la nouvelle édition de son ouvrage « La France à l’opposé elle-même ». Une réédition agrémentée des derniers documents auquel l’auteur a eu accès.
L’historien Jean-Marc Regnault a tenu à porter à la connaissance du public, au travers d’un livre, son éclairage quant à l’installation du Centre d’expérimentation du pacifique (CEP). Ce dernier ayant eu des dérogations pour accéder aux « Archives du conseil de défense, lieu le plus secret de la République » nous dit-il, l’historien a décidé de rééditer « La France à l’opposé elle-même » agrémenté de ses nouvelles recherches et découvertes. Ainsi il confirme aujourd’hui ce qu’il écrivait déjà en 2006 : « Le Sahara était une solution provisoire. (…). La France envisageait déjà en1957 d’installer le CEP aux Tuamotu. La crise de Suez a révélé que la France était devenue une puissance secondaire, et qu’on ne pouvait pas compter sur les américains pour protéger l’Europe ».
Et comme le hasard n’existe pas, l’historien affirme aussi que la décision de construire l’aéroport de Tahiti a été prise « pour des motifs d’ordre de politique général » et non pour le développement de nos îles.