"Moruroa forever"

[josephgibert]

"Moruroa forever" : de l'art contemporain détonant… mais sans danger !

DETTLOFF - Les peintres officiels peignent le premier essai nucléaire à Moruroa

PAPEETE, le 16 septembre 2016 - Du 29 septembre au 11 octobre, la galerie Winkler accueillera une nouvelle exposition, intitulée "Moruroa Forever". Sept artistes du fenua ont réalisé des œuvres s'inspirant du douloureux sujet des essais nucléaires en Polynésie et de leurs conséquences. Une façon détournée de panser une blessure encore ouverte…

Décidément, le sujet du nucléaire en inspire plus d'un. Et pour cause, nous avons récemment commémoré le triste anniversaire des cinquante ans du premier essai nucléaire réalisé en Polynésie (lire encadré). Alors que la pièce "Les champignons de Paris", portée par Guillaume Gay, Tepa Teuru et Tuarii Tracqui, sera à l'affiche du Petit théâtre (du 30 septembre au 9 octobre), un collectif de sept artistes s'est réuni autour de ce thème explosif. Abuze, Cronos, Dettloff, HTJ, Kanaky, Komosulo et THS ont ainsi réalisé des œuvres détonantes s'inspirant du nucléaire et de ses conséquences.

Si ces talents du fenua ont déjà traité cette question individuellement, c'est une première pour Vaiana Drollet, responsable de la galerie Winkler : "Cela m'a plu de les associer et de les présenter ensemble afin de consacrer une exposition d'art contemporain sur un sujet aussi sensible". Pour éclairer les visiteurs, un catalogue de 25 pages contiendra une présentation des œuvres et des artistes, ainsi que trois textes, deux plutôt engagés politiquement, et un autre sur l'esthétisme.

"LES ARTISTES ONT SU METTRE EN LUMIÈRE LES TRACES D'UNE BLESSURE PROFONDE"

Bien connu à Tahiti, Andreas Dettloff "utilise les signes et les symboles emblématiques des sociétés occidentales et polynésiennes pour en donner une lecture différente". Par ailleurs, il se "défie avec humour des communautarismes et dénonce par ce biais leurs limites et leurs contradictions". Les autres artistes, passionnés notamment par l'art urbain, possèdent une imagerie commune et incarnent la nouvelle vague. Tous conservent des interprétations libres et donc multiples.

Une trentaine d'œuvres seront exposées à partir du 29 septembre. "Elles expriment la vision des artistes comme autant d'étincelles dans le ciel… Crépitement des images, l'œuvre prend du sens en puisant dans la mémoire collective afin de créer une nouvelle réalité", explique Vaiana Drollet. Et de poursuivre : "Avec des techniques très diverses de récupération, de détournement, de collage… les artistes ont su mettre en lumière les traces d'une blessure profonde, du cœur de la terre au cœur des hommes. L'humour et la dérision viennent aussi, parfois, adoucir un questionnement qui hurle."

Faut-il le rappeler, le 2 juillet 1966, la première bombe frappait Moruroa. Après trente années de campagne atomique dans cet atoll et celui de Fangataufa, le 27 janvier 1996 marquait enfin le 193e et ultime tir. Vingt ans après, les victimes des expérimentations peinent toujours à être indemnisées. Le 13 septembre dernier, deux premiers jugements favorables ont été rendus par le tribunal administratif local, qui a condamné l'État français au versement de 33 millions de Fcfp aux ayants droit. Plusieurs demandes sont encore en instance.

"Moruroa forever" : de l'art contemporain détonant… mais sans danger !
Infos pratiques

Du 29 septembre au 11 octobre
Vernissage jeudi 29 septembre, à 18 heures
Galerie Winkler
Ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures, et le samedi de 8h30 à midi
Contact : 40 42 81 77