Bonjour,
Le 15ème Régiment du Génie de l'Air n'tait pas basé à Toul mais sur le territoire d'une petite commune mitoyenne, Ecrouves, plus connue pour son centre de détensions pénitentiaires.
Dans la campagne environnante, sur un terrain militaire un peu isolé, légèrement en hauteur, avec vue directe sur l'entrée de la caserne, il y avait un dépôt de munitions, connu sous le noms de "poudrière", partagé en deux parties séparées par un chemin communal.
Á droite du chemin, des "baraques" en tôles ondulées (comme les vaches
) renfermant des caisses du munitions vides ou des munitions d'exercices à blanc, telles des mines antichars chargées en fumigènes. Cet espace était ceinturé par une double clôture en grillage d'environ deux mètres de haut, surmontée de rouleaux de fils barbelés. La garde en était assurée depuis l'autre partie.
Á gauche du chemin, il y avait des soutes semi enterrées renfermant diverses munitions réelles. Il y avait aussi le poste de garde constitué d'une barraque en tôle dite TMF (Tente Métallique Fillol), bien connue par les hommes du rang à Hao.
Ce terrain était clôturé, sur trois cotés, d'un mur en maçonnerie d'environ deux mètres de haut, surmonté de trois rangs de fil barbelé.
Le quatrième coté avait une double clôture en grillage de même hauteur, avec le portail d'entrée.
Comme tous sites militaires "sensibles", il y avait une garde 24 heures sur 24, doublée la nuit.
Pour s'assurer que la garde était réellement assurée, depuis la caserne du 15ème RGA, les officiers ou sous officiers de permanence faisaient des rondes aléatoires.
Certains de ces personnages, plus "vicieux" que d'autres, au cours de leurs rondes de nuit, n'hésitaient pas à passer par dessus le mur pour tenter de surprendre les sentinelles. L'Adj. Taillefer était de ceux-là…
Nous les connaissions, nous savions quand ils étaient de service, nous savions, aussi, ou ils pouvaient passer
Une nuit, alors que j''encadrais le renfort de garde, la sentinelle en faction vient me prévenir qu''une voiture était sortie de la caserne.
Sachant que l'Adjudant Taillefer était le sous officier de service, ayant "emprunté" le fusil (MAS 36) de la sentinelle, je me dissimulais entre les merlons de terre qui séparaient les soutes, à proximité du mur de clôture.
Je n'ai pas attendu bien longtemps avant de voir deux mains se poser sur le mur, à un endroit ou une partie du barbelé, rongé par la rouille, permettait de laisser passer un homme couché.
Tel un indien sur le sentier de la guerre, je m'approchais assez pour pouvoir donner un bon coup de crosse sur les doigts de "l'inconnu" qui disparurent aussitôt dans un cri de douleur suivi du bruit de la galopade d'un bipède.
Le reste de la nuit s'est passé calmement.
Le matin, de retour à la caserne, en déposant le cahier de poste au bureau de permanence, je trouvais l'adjudant Taillefer avec les bouts des doigt enveloppés de pansements.
Sans un mot, à part lui avoir dit qu'il y avait rien de particulier à signaler, nous nous sommes regardés , et chacun est parti vers ses autres occupations de la journée…